Le Muscardin
Incroyablement mignon, c'est un des mammifères les plus particuliers de Belgique. Malheureusement, ce minuscule gliridé est forcément menacé: les conditions écologiques complexes qu'il exige expliquent sa vulnérabilité et sa quasi disparition dans plusieurs pays.
Le corps du muscardin est d'environ 6 à 9 centimètres. Sa queue empanachée, presque aussi longue, lui est très utile pour grimper et se balancer aisément loin du sol. En plus, le muscardin est reconnaissable à sa peau feu rouge et à son ventre de couleur crème. Il possède de grands yeux noirs, de longues vibrisses et ses pattes préhensiles lui permettent de se déplacer sans peine dans les arbres et les arbustes. Tout comme l’homme ou le singe, le muscardin dispose d’un pouce mobile grâce auquel il peut utiliser ses pattes de devant comme de petites mains.
Photo: Vildafoto
A l'instar des gliridés, le muscardin hiberne durant une longue période allant de novembre à avril. Dès leur réveil, les muscardins, tels de petits acrobates, escaladent le sommet des arbres à la recherche de bourgeons, de fleurs, de chenilles et de pucerons. A la fin de l’été, ils descendent vers les lisières où ils se régalent de noisettes et de baies de toutes sortes. Les muscardins aiment les bois de chênes mariés aux bouleaux et aux noisetiers. On les trouve surtout dans les arbustes en bordure des forêts, précisément aux endroits où la nourriture abonde lors de leur période d’activités. Dans la végétation d'en bas, ils séjournent surtout dans les épineux où le risque de se faire prendre est assez limité. Et si le muscardin se fait malgré tout piéger, son assaillant reste parfois bredouille avec dans sa gueule une simple fourrure de queue, ce qui laisse à notre petit diable le temps de se mettre en lieu sûr dans les buissons. Il partage cette particularité avec le lézard.
A cause de la grande diversité de sa nourriture, les muscardins limitent leur voisinage à 1 ou 2 adultes à 10 maximum par hectare dans les meilleures conditions. Les muscardins adultes sont fidèles à leur territoire. Son habitat n’est pas plus grand que 0,3 à 1 hectare, ce qui est compensé par sa manière de vivre en trois dimension : au sol, sous terre et dans les arbres. Ces animaux nocturnes demeurent souvent perchés toute la nuit et ils ne s'éloignent pas plus de 50 à 100 mètres de leur nid, les mâles voyageant un peu plus que les femelles. Si les muscardins ont besoin d’une grande diversité de végétaux pour se nourrir, celle-ci doit aussi être disponible sur une petite surface.
Lors des mois d’été, le muscardin utilise plusieurs nids tant naturels qu'artificiels. Curieusement, il déménage 2 à 3 fois par semaine. Ses nids, il les construit dans les buissons de mûres, dans les chèvrefeuilles, dans les arbres creux, dans des nichoirs ou au creux des nids abandonnés des oiseaux et des écureuils. Contrairement aux autres rongeurs, le muscardin a peu de descendance, limitée à 1 ou 2 portées de 4 à 5 individus par saison. Les jeunes sont l’objets de soins attentifs et restent 6 à 8 semaines avec leur mère. Des études de DNA ont montré que le couple s'unit durablement, bien que les mâles ne soient pas très fidèles, adeptes volontiers de la polygamie. A l’état sauvage, ces animaux peuvent vivre 4 à 5 années.
Passer l’hiver tout en dormant constitue une véritable entreprise. Dés l'automne, le muscardin se ménage des réserves de graisse : une cagnotte de noisettes, baies et noyaux à grignoter. Lorsque la teneur en graisse est arrivée à bon niveau, le corps du muscardin subit un certain nombre de changements drastiques : sa température corporelle descend fortement, son cœur se met à battre beaucoup plus lentement et il entame alors une longue période de sommeil. Les nids d’hiver se trouvent au niveau du sol : sous la mousse, sous un tas de feuilles mortes, entre les racines des arbres et entre des bûches, ou encore sous la terre dans les trous d’autres rongeurs. Le nid, sans entrée visible, est rond et tissé d'herbes et d’écorces. Au cours de leur hibernation, les muscardins sont très vulnérables, entre autres par écrasement du gibier (sangliers, chevreuils, cerfs) ou par prédation (renard, martre, chat sauvage, blaireau). Comparé à la population d'automne, son taux de mortalité l'hiver atteint 56% à 80%. Pour ces raisons, en plus de la disette toujours possible.
Comment aider le muscardin?
Pour avoir pendant la saison active assez de nourriture, il a besoin d’un grand diversité de plantes. Comme son nom l'indique (*), il est friand de noisettes qui sont sources de nourriture engraissante en vue de son hibernation. Les mûres lui sont également mets de choix. Les autres plantes qu’il apprécie sont le chèvre-feuille, le houx et le genêt à balais. La fougère-aigle qu'il tresse avec habileté lui sert à confectionner son nid. Ses arbres favorits sont le charme, le chêne, l’érable, la bourdaine et le merisier. A son menu pourraient s'ajouter la viorne obier, l’aubépine et bien évidemment le noisetier.
En ce qui concerne les travaux d'entretien, il faut veiller à leur adéquation, tant au niveau de la taille que de l'époque où ils sont effectués.
Les taillis de ronces de grande densité sont trop souvent coupés car cela fait "plus propre". Si pour une raison ou une autre, une intervention s'avère nécessaire, il faut éviter les mises à blanc. Eviter surtout les nettoyages trop sévères lors de la période de reproduction, de juillet à novembre car on ne détruit pas seulement les adultes mais aussi leurs nids avec leur progéniture.
Les travaux d'entretien d'hiver doivent également être exécutés avec grande précaution. En effet, les muscardins en hibernation risquent le piétinement, l'écrasement par les machines ou l’enfouissement sous toutes sortes de matériaux (terre, pierres, bois de taille haché).
(*) le nom latin du muscardin, avellanarius mustélidé, fait référence au nom latin du noisetier, corylus avellana.
Source des articles sur le muscardin: Natuurpunt et le groupe de travail des mammifères