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Quelques aspects écologiques et sociaux du ‘Arbre de Noël’. 

La présence d'un sapin dans la maison aux moments des fêtes de fin d’année est une décoration devenue incontournable, et une tradition bien ancrée. Et pourtant, cette coutume suscite quelques interrogations concernant le respect de l'environnement et de l’homme.

Un 'vrai' sapin a l'avantage d'être naturel, renouvelable et biodégradable. En plus, dans notre région la vente des sapins de Noël constitue une activité économique d’une certaine importance. Cependant, à l’exception des propriétaires d’une plantation industrielle, pour la grande majorité des personnes, elle n’est qu’une activité secondaire. 

Le cycle de vie d'un sapin de Noël de taille moyenne est de 7 à 10 ans. Ensuite, nous consommons l'arbre comme un produit jetable. Il est du coup légitime de se demander si la tradition peut vraiment justifier cette pratique et quels sont les impacts environnementaux.  

La culture du sapin de Noël en Belgique se pratique principalement en zone agricole. Elle y est considérée comme une activité agricole et plus précisément horticole et non issue de la sylviculture. Les produits chimiques utilisés dans les plantations de sapins de Noël ne sont par ailleurs pas autorisés en zone forestière.

La Wallonie est un producteur important de sapins de Noël. On peut estimer que 5 million d’arbres de Noël sont produits chaque année, ce qui représente 5.000 ha de culture. Les cultures se concentrent essentiellement au Sud du sillon Sambre et Meuse, dans les provinces du Luxembourg, Namur et Liège. 80 % de cette production sera exportée dans tous les coins d’Europe. Pour répondre à la demande, la production se fait industriellement en monocultures et a  recours à des insecticides, des herbicides et des fertilisants.

Au cours des 20 dernières années, de plus en plus de terres agricoles ont été occupées par des plantations d'arbres de Noël, mais également des prairies permanentes riches en biodiversité et traditionnellement dédiées à l'élevage… comme en Famenne. Résultat: des paysages monotones, pertes des écosystèmes naturels et pollution des nappes phréatiques suite à l’emploi important des pesticides. 

Ces produits chimiques ne sont pas seulement utilisés dans un souci de rentabilité mais surtout pour avoir des ‘beaux’ arbres. Les branches du bas doivent garder leurs aiguilles intactes. Pour atteindre cette qualité, il faut empêcher la pousse des mauvaises herbes. Pour ce faire, on utilise des herbicides. Le puceron des pousses de sapin touche les arbres en pépinière ou en plantation. Il ne cause pas de mortalité mais pour garder la qualité esthétique des arbres, des insecticides sont pulvérisés.

À ce jour, il n'existe aucun label en Belgique qui donne un garantie environnementale. Le label Véritable est une marque déposée par les producteurs de sapins de Noël ardennais. C'est un label de qualité qui ne tient pas compte des critères de production, mais seulement des caractéristiques physiques et morphologiques qui garantissent la tenue et la beauté de l'arbre.

Un cas à part: le sapin Nordmann

Contrairement à ce que son nom suggère, ce sapin ne vient pas de Scandinavie, mais des forêts denses de Géorgie et du Caucase. Il pousse à une altitude de 900-2100 mètres et porte le nom du botaniste finlandais Alexander von Nordmann qui a découvert l'arbre en 1838 près de Borchomi en Géorgie.

Pendant longtemps, seuls les botanistes s'intéressaient à cet arbre. En Allemagne, et chez nous depuis la Première Guerre mondiale, l 'épicéa commun représente  le sapin de Noël classique. Ce dernier a une croissance pyramidale, d’un vert vif et est très densément ramifié. C’est un bel arbre de Noël, mais les exigences de l'ouest deviennent de plus en plus élevées. Après la chute du communisme à l'Est, la voie fut dégagée pour le sapin Nordmann. En moins de 10 ans, une rareté botanique est devenue un produit de masse.

L'origine des graines et les propriétés spécifiques correspondantes déterminent la qualité de l'arbre de Noël futur. C’est à Ambrolauri et Borchomi (en Géorgie), que les graines Nordmann de la meilleure qualité peuvent être récoltées. La graine est située dans les cônes qui pendent au sommet du sapin.

La récolte des cônes doit se faire fin septembre et  dure environ deux semaines. Si les graines sont récoltées trop tôt, elles ne sont pas mûres et si on tarde, les cônes s'ouvrent et le vent balaie une partie du précieux matériel génétique. Des grimpeurs vont cueillir les cônes parfois à 60 mètres de hauteur et les jettent par terre, d'autres travailleurs vont les ramasser et les rangent dans des sacs. Bien que ce travail soit dangereux, les villageois et les travailleurs migrants veulent grimper au sommet de ces  arbres. Souvent, un cueilleur doit vivre uniquement avec ce salaire tout au long de l'année. Le travail est rare dans cette région de Géorgie.

Les bénéfices vont aux marchand de semences allemands et danois qui achètent des licences de récolte auprès de l'État géorgien depuis 2009. Les graines séchées sont échangées contre un montant bien plus élevé que le salaire  reçu par le cueilleur. Et le prix ne cesse d'augmenter au passage de chaque intermédiaire et à chaque étape de traitement qui suit. Voilà un commerce lucratif, sans compter que beaucoup d'argent disparaît dans les poches de fonctionnaires corrompus, responsables de l'octroi de ces licences convoitées.

A côté du marché des licences de récolte, le marché noir et les pratiques de la mafia se développent également. Dans le passé, les cônes en Géorgie n’avaient pas plus de valeur que les feuilles. Ils tombaient des arbres et pourrissaient. Depuis que le sapin Nordmann est devenu un symbole de Noël en Europe, les cônes sont devenus une matière première précieuse pour laquelle il y a des combats. Les cueilleurs qui approvisionnent le marché noir sont traités comme des voleurs. La forêt ne leur appartient plus, et ce bien qu'ils aient vécus et travaillés dans ces forêts pendant des générations. Les cueilleurs officiels sont suite à  de nombreux accidents, équipés maintenant comme les alpinistes, mais ils vivent dans des taudis dans la forêt. Depuis 2010, le nouveau label FairTrees est apparu sur le marché. Les fondateurs visent ainsi à redistribuer une partie des bénéfices à la population locale. Pour le moment, ça reste une goutte d’eau dans l’océan.

Chacun doit décider en son âme et conscience du genre d'arbre de Noël qu’il va acheter. Le fait est que le sapin  Nordmann (mis à part certains arbres issus du commerce équitable) est produit dans des conditions de vie et de travail abominables. Presque tous les sapins de Noël, y compris l'épicéa commun, (nous ne parlons pas évidemment des arbres sporadiquement bio-étiquetés ou un commerce local) proviennent d'une plantation quasi industrielle où l'on utilise de grandes quantités de pesticides et d'engrais chimiques. Le consommateur est également à blâmer car il veut à la fois apporter un  «produit naturel» parfait dans la maison et tout ça à un prix défiant toute concurrence…. En résumé, il y a encore un long chemin à parcourir avant qu'un sapin de Noël puisse faire rayonner la paix et la sérénité.

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